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La survie d'un enseignant est compliquée, surtout quand celui-ci est un petit renard contractuel perdu dans des poulaillers divers plein...

jeudi 13 juillet 2017

Professeur des écoles : des femmes, l'enseignement privé et bien plus

Dans ce tout premier article (qui n'est pas forcément chronologique ou biographique) j'aimerais évoquer la question du choix de ce métier de professeur des écoles. Qui le choisit et pourquoi ? Je parlerai de mes impressions dans l'Enseignement public et l'Enseignement catholique (privé sous contrat). Veuillez noter que je ne fais que dans l'impression personnelle. Je n'ai pas la prétention de faire un article scientifique dans mon blog ! Vous êtes prévenus...

TABLE DE MATIERES

A. Pourquoi devenir maîtresse pour l'Éducation nationale ?
B. C'est comment chez les cathos ?
    1. La paie misérable pour un poste de cadre.
    2. Un accueil entonnoir.
        2.1 L'accueil général : informer et filtrer.
        2.2 Pré-accord et accord collégiaux : peigne fin et parcours du combattant.
    3. Une réputation qui est catholique mais pas flatteuse.
C. Après tout ça, qui sont ces enseignant.e.s dans l'enseignement privé catholique?
D. Conclusion.
E. Sources et connexions externes.

A. Pourquoi devenir maîtresse pour l'Éducation nationale ?

« Professeur des écoles » est un terme que l'on retrouve plutôt dans les communications officielles de l'Éducation nationale.

Pour la plupart des candidat.e.s, on cherche plutôt à devenir maîtresse (ne vous excitez pas... c'est la maîtresse d'école). Oui, c'est un métier qui, déjà dans les prétentions à devenir personnel de l'enseignement public, est très féminin. (J'en parle car l'on est souvent dans l'égalité filles-garçons à l’Éducation nationale...).

Pour le constater, j'ai pris une page Facebook quelle conque et je l'ai faite défiler pour voir toutes les présentations de futurs CRPEistes et contractuels. J'en ai pris trois, l'une après l'autre.

Cas n° 1: une courageuse maman d'un certain âge, mère de plusieurs enfants qui, suite à une perte d'emploi prend son courage à deux mains et se lance à la poursuite de CRPE.

Cas n° 2: une autre maman qui cherche à créer ou à trouver un groupe de CRPEistes dédié aux mamans.

Cas n° 3 : une jeune enseignante contractuel qui cherche des informations générales sur la rentrée prochaine (les "CP Macron" et autres).

J'ai toutefois insisté et j'ai continué à chercher...

Cas n° 4, 5 , 6, 7..., 15, 89..., 348... : des jeunes candidats, remplaçants, curieux du sexe féminin qui s'adressent à l'ensemble des membres des groupes au féminin... L'égalité des genres, on en parle, oui ?!

Ces petits cas qui sont représentatifs d'une majorité des candidats dans les réseaux sociaux m'a permis de constater que :

a. Il est plutôt rare que le métier de professeur des écoles soit un premier choix professionnel. Il s'agit plutôt d'un métier de reconversion professionnelle.

b. Il y a une association évidente entre la maternité et ce métier. Le nombre de mères de trois enfants qui souhaitent passer le 3ème concours et qui lancent des appels à l'aide à d'autres candidats sur les réseaux est tout aussi étonnant. On constate une interprétation de ce métier comme étant compatible avec la gestion d'une famille et de sa féminité.

Loin de vouloir faire une vraie enquête avec une vraie méthodologie, une analyse quantitative pertinente, je ne fais que partager un premier ressenti : enseigner au premier degré, c'est un truc de nana.

Réagissez si cela vous vexe ou si cela vous fait rire.

B. C'est comment chez les cathos ?

Subissant une véritable crise de recrutement en France métropolitaine, l'Enseignement catholique réagit avec des moyens qui ne sont pas négligeables.

À chaque DDEC (direction diocésaine de l'enseignement catholique) son site avec des informations sur le métier, les concours, les conditions d'accès aux postes en tant qu'enseignant contractuel (enseignant suppléant dans le jargon plein de sous-entendus de ce milieu).

Quelques DDEC ont même fait le choix d'être très claires par rapport à l'entrée dans le métier par la voie non-titulaire :
(Faites un clic sur l'image pour voir la taille originale).




































source : Site de l'Enseignement catholique de Paris, article Suppléances.
http://www.ec75.org/-suppleances consulté le 14 / 07 / 2017

  
Les conditions de diplôme sont claires. Il n'y a aucune ambiguïté possible par rapport aux candidats hors-EEE : ils peuvent postuler. On sait déjà qui est le recruteur et le gestionnaire de la paie, le salaire est connu d'emblée et on vous rassure sur la forte possibilité d'être en poste sur l'année. Le rêve doré de tous les enseignants contractuels...

Malgré cela, trois points majeurs font handicap aux candidats et rendent l'afflux de candidats pour le privé catho maigre :

1. La paie misérable pour un poste de cadre : 1 503 € brut fait le SMIC en net. 

Quelqu'un ayant fait 3 ans d'études supérieures s'attend aux responsabilités de ce genre de poste, mais pas à une paie qui, vu le stress, vous motivera plutôt à faire du McDo + Acadomia, ne serait-ce que pour éviter le stress de la gestion du métier (classe + hiérarchie + collègues + parents : le carré de la mort pour les nouveaux).

2. Un accueil entonnoir (accrochez-vous, ça secoue).

2.1 L'accueil général : informer et filtrer.

L'accueil dans l'enseignement catholique est beaucoup plus complexe et contraignant que celui du public. Dans le but de mieux accueillir, connaître et suivre ses candidats aux suppléances, l’enseignement catholique met en place un système d'accueil à plusieurs temps. 

a. Réunion d'information (animé par un personnel des DDEC normalement où le caractère propre, la hiérarchie, le principe et le projet de l'enseignement catholique sont présentés aux candidats, ainsi que les pré accord et accord collégiaux), 

b. Recueil des candidatures (qui sont payantes ! chaque DDEC impose des frais pour traiter les dossiers de candidature. Votre employeur vous fait payer pour lire votre CV...). 

c. Acceptation ou refus de la candidature.

d. Validation de la candidature par le Rectorat (IA-IPR, IEN, puis RH). 

2.2 Pré-accord et accord collégiaux : peigne fin et parcours du combattant.

Cette première étape entamée, une deuxième étape parallèle peut débuter : celle du pré-accord puis accord collégial. Moment redoutable et redouté de la grande masse des candidats, l'obtention de ces véritables visas professionnels du catho demandent à engager du temps, des frais et encore plus de courage.

Vu le statut très particulier des recrutements dans l'enseignement privé sous contrat (le chef d'établissement valide ou pas les candidatures pour son établissement), cette étrange étape est incontournable.

L'idée de pré-accord et puis accord collégiaux c'est de faire passer un grand entretien peigne fin puis une formation du caractère propre de l'Enseignement catholique pour permettre aux candidats de postuler et d'être reçus plus rapidement par les divers établissements catholiques.

a. L'obtention du pré-accord collégial est donné au candidat qui suit un entretien avec plusieurs chefs d'établissement catholiques en tête à tête

Vous n'aurez donc pas un assistant de RH : mais trois chefs d'établissement qui vont vous poser toute sorte de question sur vos motivations, diplômes, expériences... le but n'est pas vraiment de déstabiliser, mais de filtrer candidatures. 

En dépendant des CDE et des Académies, cette étape peut être assez protocolaire, vu les difficultés de recrutement qu'ils subissent. Il y a même des cas où on vous y proposera un poste sur le champ (avec mise en garde sur la validation préalable des services rectoraux... les CDE vous choisissent mais c'est le Rectorat qui paie !) 

Il y a, toutefois, des récits hallucinants de cette étape : questions très personnelles, tentatives de mettre un candidat en défaut ou de l'humilier... Quelques chefs d'établissement plongent dans l'aspect confessionnel et s'y noient, d'autres ne savent tout simplement pas identifier la nervosité d'un candidat et l'imaginent inapte face à des jeunes... d'autres se permettent tout simplement de pas aimer votre gueule... Mais ça, nous allons dire que c'est du passé.

Une fois votre pré-accord collégial dans la poche et ayant déjà votre candidature d'enseignant remplaçant validée par votre Académie, vous serez susceptible d'être appelé pour assurer des suppléances. Oui. Vous avez fait tout cela pour que l'on vous appelle peut-être !

b. Par la suite, l'Accord collégial se fait en trois temps de formation dans un centre de formation catholique et puis un temps d'entretien / discussion et partage dans votre DDEC. 

Ici nous ne sommes plus vraiment dans le filtrage, mais plutôt dans des formations assez sympathiques animées par la crème de la crème de l'Enseignement catholique et de ses dirigeants. On vous présente la source idéologique pure et idéale de cet Enseignement. 

Même si vous êtes athée pratiquant, ces temps de formation et les tables rondes avec d'autres collègues risquent de vous impressionner. Vous allez retrouver du monde. Beaucoup. Vous allez parler avec eux et les écouter. Beaucoup aussi. Pour moi, ces moments sont la grande réussite de l'accueil catholique. 

Dommage que les enseignants, chefs d'établissements et autres personnels oublient assez vite les engagements demandés à tous au niveau éthique, déontologie et respect du caractère propre (qui inclut de façon assez explicite le respect des libertés, de la vie privée et des conditions de travail... on y reviendra dans un autre post). 

Ayant suivi toutes ces animations et formations, on vous accordera votre visa de travail dans le pays Enseignement catholique : L'accord collégial, qui vous permet de rassurer n'importe quel chef d’Établissement catholique en métropole et outre-mer. 

3. Une réputation qui est très catholique mais pas flatteuse.

L'église catholique tient la main de l'Enseignement en France et dans le monde depuis bien longtemps. Les jésuites et autres ordres ont permis que des sociétés isolées du vieux et nouveau monde puissent aller à l'école. On sait, donc, que l'église catholique est un repère mondial lorsqu'il s'agit d'éducation et formation.

Seul hic : l'église catholique française est aussi conne que la vieille France.

Depuis les ruptures sociétales majeures que la République a entamé en s'éloignant d'un modus vivendi compatible avec les préceptes du Vatican, l'Église française s'est mise en rogne. Contrairement aux Églises du nouveau monde et d'Afrique, l'Église catholique française est plutôt de droite, plutôt traditionnelle et officiellement proche de groupes et idéologues des droites extrêmes. 

Plusieurs ténors de l'Église catholique et ses laïques ont pris des positions dures par rapport à des questions qui touchent énormément les Français, telles que l'avortement, le mariage entre personnes de même sexe, l'accueil des migrants et réfugiés, mais aussi par rapport à des questions de solidarité, économie et santé (on parle des capotes et des MST ?)

L'Église catholique de France a une étoile sur cinq sur Google et Trip Advisor (c'est une blague). Elle est grillée au niveau de son image. 

Sans donner plus de détails à ce propos, cela fait, par exemple, qu'un jeune diplômé d'anglais maghrébin, homosexuel et musulman qui vit à côté d'un très bon Lycée catholique à la recherche d'un nouveau professeur d'anglais suite à départ en retraite n'ira surtout pas chez les cathos pour dire qu'il cherche du travail. Dans sa tête, il n'y aura pas de place pour un bougnoule pédé chez ces bourgeois cathos qui votent Fillon
(J'aurais aimé avoir l'impression d'écran de quand cette personne - quelqu'un qui existe et que je me permets de citer ainsi - l'a dit en discussion sur Facebook. Ce jeune est contractuel dans une Académie francilienne dans l'enseignement public et il passera le CAPES externe anglais cette année).

C. Après tout ça, qui sont ces enseignant.e.s dans l'enseignement privé catholique?

Qui sont ils ou plutôt... elles ! Je reviens, en quelque sorte, à ce dont je parlais au début du post sur la féminité de l'enseignement primaire. 

Dans l'enseignement catholique, la part de femmes est vraiment immense. Les chiffres officiels parlent (si ma mémoire ne me trahit pas) de plus de 85% de femmes dans l'enseignement primaire et quelques 70% environ encore dans le secondaire. (Je n'ai pas pris la peine de vérifier ces chiffres à l'INSEE, j'ai la flemme, j'illustre mon constat personnel seulement).

Après quelques années à côtoyer ce milieu dans le primaire et dans le secondaire, j'ai trouvé quelques profils récurrents dans l'enseignement privé catholique (ce qui suit va heurter votre sensibilité. Ne le lisez pas) :

a. Proche de l'église locale : Souvent mis au courant des postes par des membres de la paroisse, ces individus sont issus de la reconversion professionnelle ou d'une situation de maternité (les aspirants au "3ème concours interne" ou à "l'examen professionnel"). 

C'est fréquemment quelqu'un de nuisible (ou tout simplement chiant) car cette personne essayera tout pour se faire remarquer du CDE dans le but de préserver son poste, vu son incapacité de se projeter dans une vraie carrière (c'est quelqu'un à l'esprit limité) ou de préparer un concours. Un petit travail sympathique proche de chez soi... voilà son projet de vie.

Cette personne s'accroche à son poste et fait du lèche bottes à son chef d'établissement aussi souvent que possible. Il ou elle serait capable de lâcher un pitbull sur vous pour vous supprimer si cela garantissait le renouveau de son poste pour l'année suivante. Garde à vous !

b. Le ou la planqué.e : Cet individu est là parce que les enfants du privé sont moins chiants et on peut faire renvoyer des élèves de l'établissement. Il y a une liste d'attente, les autres paient, ils n'ont qu'à bien se tenir. 

Il /elle pratique un enseignement vieilli, n'aime pas qu'on bouscule ses attitudes et il / elle a une attitude peu professionnelle face aux collègues / enfants et parents. Cet individu a toujours raison même s'il a tort. C'est souvent motif de blagues.

c. Le ou la croyant.e : Il / elle est à fond catho. Souvent un.e immigré.e très content.e d'apprendre qu'il / elle peut passer le concours et être assimilé.e fonctionnaire dans une école où il / elle n'a pas à essayer de comprendre l'usine à gaz de la laïcité au travail norme française. C'est souvent quelqu'un de chouette.

d. La franc-bourgeoise : Catholique descendante de Charlemagne, cette femme blanche, qui met du fond de teint Donald Trump la journée, porte des bijoux en or ou tout autre métal légitime, française de famille et mœurs français va à l'église le dimanche avec son mari gendarme et ses quatre enfants (encore une qui a passé le 3ème concours interne). 

Elle connaît le prénom de toutes les mamans de l'APEL (association de parents d’élèves de l’enseignement libre) et de l'OGEC (organisme de gestion des établissements de l'Enseignement Catholique). Elle connaît très bien le curé de la paroisse, ainsi que l'ensemble des sœurs de la congrégation (au moins l'une d'entre elles est de sa famille). 

Ancienne élève d'une école, collège, lycée et université catholiques, son réseau là-dedans constitue une véritable Légion. Elle a le bras très long et si jamais elle décide de vous coller une claque, ça va faire mal. Très mal même. (Le pouvoir indicible du potin...).

C'est souvent source de soucis. Le seul moyen d'être en bons termes avec elle c'est pendant les repas partagés ou la kermesse, où vous ferez une spécialité culinaire pour lui faire plaisir. Ayez des photos et des histoires de bébé pour dépenser avec elle... elle s'en nourrit. Ne la perdez jamais de vue. Faites en sorte qu'elle soit votre meilleure copine sinon vous regretterez...

e. Des électrons libres : Souvent de passage, ces individus très intéressants sont chefs d'établissements, personnels et enseignants qui ont cru au projet de l'enseignement catholique mais qui finissent par être dégoutés des saloperies du milieu et démissionnent. Gardez contact avec ces individus coûte que coûte ! On y reviendra dans le futur

f. Le ou la carriériste : Cet individu a fait un choix de carrière pour l'Enseignement catholique et, beaucoup de prétention à l'appui, il / elle croit maîtriser tout aspect du métier. C'est la personne qui vous cite des textes, qui prend des airs de syndicaliste ou bien qui convoite le poste du CDE.

C'est le type d'individu soit le plus dangereux ou le plus utile que vous allez retrouver dans votre parcours dans le Catholique - tout dépend de votre rapport avec cette personne qui doit être maîtrisé assez rapidement.


D. Conclusion.

Être professeur des écoles est souvent perçu comme une solution de repli au besoin professionnel allié à la maternité et à la famille.

Il en est question aussi de se donner une deuxième chance professionnelle suite à un grand échec / frustration dans un parcours professionnel régulier. Ce métier semble plus facile à concilier et à gérer ayant une vie à côté. C'est tellement beau, de rêver...

Enseigner fait peur même à tous ceux qui en ont la vocation / le goût / l'envie.  Enseigner dans le Catholique est un vrai casse-têtes... et on ne fait que commencer d'en parler, croyez-moi !

E. Sources et connexions externes.


1. Association des parents d'élèves de l'enseignement libre (APEL).

2. Devenir enseignant : site d'information de l'Enseignement catholique.

3. Enseignement catholique de Paris.

4. Fédération nationale des organismes de gestion des établissements de l'Enseignement Catholique.

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